vendredi 10 avril 2015

Le parcours du combattant

Comme je l'ai expliqué dans un précédent article, travailler dans une école pour enfants autistes m'a amené à m'interroger au sujet de mon autisme potentiel.

J'ai tout d'abord effectué un test sur internet. Le psychologue Simon Baron-Cohen et ses collègues au Cambridge's Autism Research Centre (centre de recherche sur l'autisme de Cambridge) ont créé le test de quotient autistique. 80% des personnes autistes obtiennent un résultat de 32 ou plus à ce test; j'ai obtenu 34. Toutefois, je savais que ce test à lui seul n'était pas déterminant.

Je me suis donc adressée à mon médecin. Je lui ai donné une lettre expliquant les raisons pour lesquelles je pensais être, peut-être, atteinte du syndrome d'Asperger. Ces raisons étaient, entre autres, celles listées dans mon précédent article. Il a donc fait passer ma requête à un centre de diagnostics psychiatriques.

Hélas, j'ai reçu un lettre brève et sèche dans laquelle on me faisait savoir que je ne "répondait pas aux critères d'un diagnostic". Ces personnes, sans même m'avoir rencontrée, avaient décidé qu'il ne valait pas la peine de me consacrer leur temps... J'étais effondrée, car j'avais besoin de réponses.

Je me suis alors tournée vers la directrice de mon école. Elle m'a informée qu'un autre membre du personnel avait le syndrome d'Asperger et que s'il était d'accord, il pourrait peut-être m'aiguiller. Effectivement, il m'a donné les coordonnées d'une psychiatre spécialiste de l'autisme dans ma ville.

Alors que je m'apprêtais à la contacter, j'ai reçu une lettre de mon médecin... m'informant que j'avais rendez-vous avec la psychiatre dont mon collègue m'avait donné les coordonnées!

L'entretien s'est très bien passé. Elle m'a posé des questions sur mon enfance, mes parents, ma scolarité, ma vie professionnelle et affective. Puis, elle a fait quelques expériences-jeux avec moi, entre autres, elle m'a donné un livre d'images sans texte en me demandant de raconter l'histoire.



Ses conclusions ont non seulement confirmé que j'avais le syndrome d'Asperger, mais aussi que je m'en sortais très bien malgré les difficultés qu'il peut engendrer. Entre autres, durant toute ma vie d'adulte, j'ai pu travailler et vivre de façon indépendante.

Elle m'a mise en contact avec un groupe de personnes ayant également reçu un diagnostic à l'âge adulte, qui sont devenus de très bons amis; et m'a recommandé la lecture d'un ouvrage traitant des femmes atteinte du syndrome d'Asperger: Asperger's and Girls. J'ai également lu l'excellent Aspergirls de Rudy Simone, qui a été traduit en français depuis. Ces ouvrages m'ont beaucoup aidé à mieux comprendre ce que je vivais.

Recevoir mon diagnostic a été un grand soulagement. Enfin, je comprenais "ce qui n'allait pas chez moi". Enfin, je savais pourquoi j'avais vécu ce que j'avais vécu, ressenti ce que j'avais ressenti. De plus, j'état désormais mieux équipée pour faire face aux défis et difficultés liés à mon syndrome.

Voilà pourquoi je recommande à toute personne qui s'interroge à ce sujet de chercher à en avoir le coeur net. En effet, si vous vous méprenez, cela vous empêchera d'être sur une fausse piste, et si vous avez effectivement un syndrome de type autiste, cela vous permettra de mieux le gérer au quotidien.

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